Janvier 2023
Pour Johann Van Aerden, chaque île est une métaphore de la terre, un petit espace habité au milieu du cosmos, chacune prétexte à un essai stylistique architectural, une variation sur un même thème : les dérives écologiques et les conséquences des dérèglements climatiques.
Pour cet artiste normand, diplômé des beaux-arts du Mans et de Paris, aux influences aussi variées que la littérature de Damasio, les peintures de Kaspar Friedrich, l'architecture brutaliste ou encore la science-fiction, la réflexion se fait d'abord systémique. Il interroge les structures et la mise en scène, le devenir de nos villes, et construit ses propositions dans un mélange de médiums, entre dessin et After Effects, entre installations gonflables et animation vidéo. L'artiste n'est pas à proprement parler un vidéaste, au sens strict du terme, mais un artiste qui use de la vidéo pour l'intérêt de la mise en scène, pour le rapport au réel, pour le caractère dynamique du jeu.
Il y a de l'humour parfois dans ses travaux, des bulles soufflées par des architectures, Jeff Bezos qui tourne sur une pale d'éolienne sous le regard de Greta Thunberg, ce monde post-apocalyptique n'est pas sans espoir. Il n'y a quand même que peu de trace humaine, et le format court insiste d'abord sur des dissonances. Dans la rythmique syncopée de ces animations, l'artiste sample des gimmicks, ciselés comme le trait subtil de son crayon. Johann Van Aerden, au-delà du message écologique, dessine des espaces possibles, cherche des points d'équilibre, entre des utopies architecturales, qui semblent le fasciner, et la nature plus foisonnante, libre et indomptable : la structure des choses.
Et dans la déliquescence programmée de notre civilisation, il y a une part de révérence aux penseurs utopiques de nos villes, un goût pour les formes bizarres et indépendantes, une quête d'expérimentation.
Johann Van Aerden aurait pu être architecte ; ses volumes, encore une forme de référence, prennent des traits buréniens, et participent à construire une réflexion sur l'espace. La possibilité d'une île. Une île comme un dernier refuge, un lieu où tout reste à inventer, et d'où surgit encore un reste de la civilisation dévastée, et qui participe à la genèse d'une tentative d'avenir. Des constructions, une proposition de poésie prospective, libre et incertaine, désabusée et utopique, une jonction de deux mondes, celui des ordinateurs et celui, fragile et imparfait du dessin. De l'algébrique à l'organique. Ce point de faille est une inflexion vers une convergence potentiellement heureuse.
Les dérivées de Johann Van Aerden nous invitent à réfléchir au devenir de l'anthropocène, à la place des utopies, et aux conséquences de nos comportements.
Habemus aquam.
Sic tantum bonum.
Alea jacta est.
Pattern solastalgique: Habemus aquam.
Par Benjamin KiffelPour Johann Van Aerden, chaque île est une métaphore de la terre, un petit espace habité au milieu du cosmos, chacune prétexte à un essai stylistique architectural, une variation sur un même thème : les dérives écologiques et les conséquences des dérèglements climatiques.
Pour cet artiste normand, diplômé des beaux-arts du Mans et de Paris, aux influences aussi variées que la littérature de Damasio, les peintures de Kaspar Friedrich, l'architecture brutaliste ou encore la science-fiction, la réflexion se fait d'abord systémique. Il interroge les structures et la mise en scène, le devenir de nos villes, et construit ses propositions dans un mélange de médiums, entre dessin et After Effects, entre installations gonflables et animation vidéo. L'artiste n'est pas à proprement parler un vidéaste, au sens strict du terme, mais un artiste qui use de la vidéo pour l'intérêt de la mise en scène, pour le rapport au réel, pour le caractère dynamique du jeu.
Il y a de l'humour parfois dans ses travaux, des bulles soufflées par des architectures, Jeff Bezos qui tourne sur une pale d'éolienne sous le regard de Greta Thunberg, ce monde post-apocalyptique n'est pas sans espoir. Il n'y a quand même que peu de trace humaine, et le format court insiste d'abord sur des dissonances. Dans la rythmique syncopée de ces animations, l'artiste sample des gimmicks, ciselés comme le trait subtil de son crayon. Johann Van Aerden, au-delà du message écologique, dessine des espaces possibles, cherche des points d'équilibre, entre des utopies architecturales, qui semblent le fasciner, et la nature plus foisonnante, libre et indomptable : la structure des choses.
Et dans la déliquescence programmée de notre civilisation, il y a une part de révérence aux penseurs utopiques de nos villes, un goût pour les formes bizarres et indépendantes, une quête d'expérimentation.
Johann Van Aerden aurait pu être architecte ; ses volumes, encore une forme de référence, prennent des traits buréniens, et participent à construire une réflexion sur l'espace. La possibilité d'une île. Une île comme un dernier refuge, un lieu où tout reste à inventer, et d'où surgit encore un reste de la civilisation dévastée, et qui participe à la genèse d'une tentative d'avenir. Des constructions, une proposition de poésie prospective, libre et incertaine, désabusée et utopique, une jonction de deux mondes, celui des ordinateurs et celui, fragile et imparfait du dessin. De l'algébrique à l'organique. Ce point de faille est une inflexion vers une convergence potentiellement heureuse.
Les dérivées de Johann Van Aerden nous invitent à réfléchir au devenir de l'anthropocène, à la place des utopies, et aux conséquences de nos comportements.
Habemus aquam.
Sic tantum bonum.
Alea jacta est.